Centenaire 14-18
LES VIES MULTIPLES & IMAGINAIRES
DE FERDINAND BRULÉ
A partir du prêt amical d’archives familiales privées concernant Ferdinand Brûlé, rescapé de 14-18, détenteur de lettres, d’articles de journaux, de clichés photographiques extraordinaires et mystérieux provenant de l’armée américaine, les élèves de 3e B du collège Mozart ont exhumé ces souvenirs ont lu, regardé, palpé ces bribes de vie avec curiosité, émotion, interrogation et ont reconstruit leur Ferdinand ; ils lui ont imaginé deux autres destins de guerre en écrivant des récits mêlant la fiction à la réalité historique qu’ils ont illustré par des montages photographiques où revit le visage de Ferdinand.
Suivez les aventures de Ferdinand en composant vous-même votre propre réçit et choisissez à chaque étape l'une des deux suites possibles imaginés par les élèves.
LES VIES MULTIPLES & IMAGINAIRES
DE FERDINAND BRULÉ
Un jour, un coup de téléphone de la médiathèque municipale de Danjoutin, un rendez-vous et l’incroyable découverte d’un trésor de guerre.
Une insignifiante sacoche noire s’ouvre et dévoile un album en carton écorné décelant des clichés couleur sépia, fanés, dévoilant des paysages et des personnages aux contours effacés, des lettres de guerre, des journaux.
Vient ensuite entre nos mains une série inattendue de photos en format 13-18, dans un remarquable état de conservation. Toutes sont estampillées de l’US Army et proviennent de l’American Expeditionary Force. Tranchées, armes, troupes, services sanitaires, opération chirurgicales, blessés, prisonniers, combats, destructions, tout a été soigneusement photographié. L’aventure commence alors. Elle a un nom : ce sont les souvenirs de Ferdinand Brûlé, jeune parisien qui a servi 7 ans sous les drapeaux, d’abord appelé pour un service militaire allongé (loi des 3 ans de 1913) et entraîné ensuite comme toute sa génération dans ce sanglant conflit. Il a survécu, mais ne s’est jamais étendu sur ses faits de guerre ne laissant à sa petite fille qu’un pacifisme convaincu et ces traces de ce passé qu’il a tu.
Les élèves de 3e B du collège Mozart, un siècle plus tard, ont exhumé ces souvenirs ont lu, regardé, palpé ces bribes de vie avec curiosité, émotion, interrogation et ont reconstruit leur Ferdinand ; ils lui ont imaginé deux autres destins de guerre en écrivant des récits mêlant la fiction à la réalité historique qu’ils ont illustré par des montages photographiques où revit le visage de Ferdinand.
Tout est fictif mais aurait pu être vrai : les émotions, les douleurs, les espoirs, les attentes, les combats, les blessures, les peurs, les lassitudes, les amitiés, sont bien celles de cette génération d’hommes dont la jeunesse s’est vécue dans la guerre.
Cette histoire romanesque s’est construite sur le principe des cadavres exquis. Les élèves ont été divisés en 5 groupes de travail correspondant au schéma narratif suivant : le portrait de Ferdinand en 1914 / ses premières années de guerre / la rencontre des troupes américaines / les dernières péripéties de Ferdinand au front durant l’été 1918 / le retour à la paix.
Chaque groupe a été divisé en deux équipes de manière à produire deux versions du destin de Ferdinand de 1914 à 1918. Les élèves munis des fragments de vie conservés par Ferdinand, photos, lettres, articles de journaux ont imaginé des bribes de son existence et écrit une partie du récit, sous la forme d’un relai : chaque équipe se succédant et enrichissant l’histoire.
Pour donner de l’épaisseur et de la profondeur à notre Ferdinand, héros de guerre ordinaire, ils ont ensuite réalisé avec l’aide d’un artiste graphiste : Jean Wollenschneider, des images animées.
Ils ont photocopié, agrandi, découpé, collé sur carton, les portraits, les paysages, les personnages issus du fonds d’archives de Ferdinand et mimé des scénettes qui ont été filmées. Ferdinand, simple poilu de 14-18 a repris ainsi vie…
Travail encadré par Christine Forgues-Schmitt avec le savoir-faire numérique et le soutien logistique de Vincent Marguet de l’Espace multimédia gantner de Bourogne…
Première partie - Version 1
Ferdinand Brulé naquit le 9 novembre 1891 à Paris. Il était passionné de sport, en particulier la boxe, le vélo et le foot; tellement passionné qu’il écrivait des articles pour les journaux sportifs (un article avait paru dans l’Echo des Sports le 19 février 1908). Kilian Amzal - Chloé Collot - Léo Berthet |
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Deuxième partie - Version 1
Je partis dès l’ordre de mobilisation générale, laissant ma femme seule avec les deux petites. Affecté très rapidement au front de la Marne, je commençai à découvrir l’horreur de la guerre… Peu de temps avant l’assaut allemand, mes copains et moi, nous revêtîmes nos uniformes: bottes, pantalon rouge, veste bleue, béret. Cette première bataille fut une horreur, les camarades tombaient par dizaine mais les troupes continuaient à avancer. Début octobre, une nouvelle stratégie se mit en place : les premières tranchées furent creusées, l’uniforme changea pour des couleurs plus discrètes, le casque apparut. Moi, j’essayais de rester en vie, assaut après assaut. On entendit dire en février 1916 que Verdun était attaqué par les Allemands. J’y fus affecté en mars de la même année. Mon passage là-bas fut certainement le plus marquant de mon existence. Je vis pendant cette période autant d’engins de destruction que de soldats pulvérisés. Canons, obus, artillerie de terre et aérienne, des chars de métal appelés tanks faisaient pleuvoir sur nos têtes comme des gouttes de pluies des centaines voire des milliers d’obus, de cartouches. Les tranchées étaient tapissées de boue et de cadavres, l’air y était irrespirable, la nourriture manquait et beaucoup d’entre nous devenaient fous. Moi-même, je crus pendant un moment sombrer devant tant d’horreurs: des cadavres par milliers, des paysages désertiques et brûlés s’étendant sur des kilomètres à la ronde mais je tenais debout grâce aux colis que nous recevions et de l’entraide mutuelle que nous nous donnions. Julie Morisot - Quentin De Muynck - Matéo Roy |
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Troisième partie - Version 1
Bien que Ferdinand ait arrêté l'école à 12 ans, au certificat, il avait appris les bases de l'anglais. Il fournissait des restaurants huppés à Londres en pain français. Il avait des relations avec une société anglaise qui l’aida à enrichir son vocabulaire et à parler couramment l'anglais. Mathieu Malkoun - Mehdy Sarahaoui - Alexia ferin |
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Quatrième partie - Version 1
Il reçut l’ordre d’aller faire une ronde avec une dizaine d’américains autour de leur campement. Tout à coup une détonation d’obus inattendue se fit entendre, l’explosion les projeta tous au sol, ils gémissaient, hurlaient priaient Dieu. Couché, Ferdinand se sentit vivant mais avec un éclat d’obus dans le bras, la douleur rayonnait dans tout son corps. Ce fut atroce pour lui de se relever tant bien que mal et de courir en direction du camp. Arrivé là-bas, il s’effondra. Karima Chaabna - Dany Strappazon - Thomas Hantzberg |
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Cinquième partie - Version 1
Nous avions appris la capitulation allemande le 11 novembre 1918. Je me souvins de la joie qui m’avait envahi à cet instant. Tous nos visages s’illuminèrent et nous poussions des cris de bonheur. Les infirmières allèrent chercher le journal et en distribuèrent à tout le monde. Après de longues minutes de joie nous décidâmes d’aller manger. Les cuisiniers nous servirent des fayots et du vin. Nous prenions des photos pour que ce moment reste ancré dans les mémoires. Quelques mois plus tard, le 14 juillet 1919, je participais au défilé des troupes victorieuses. Il y avait le maréchal Pétain, le cortège des mutilés. Nous nous retrouvions tous ensemble et fêtions notre victoire. Il y avait des drapeaux partout et nous étions tous unis pour notre patrie. A la fin du défilé, nous pouvions enfin tourner la page, passer à autre chose et oublier cette horrible guerre qui nous avait marqués à vie. Je reprenais peu à peu mes activités et un nouveau travail. Adieu la boulangerie, j’étais chargé de la communication entre mes collègues anglais et français pour un journal sportif. Je retrouvais aussi ma famille avec bonheur, ma femme et mes fillettes qui avaient bien grandi pendant mon absence. Je passais mes dimanches à couvrir les tournois de foot de la région parisienne. Le 6 décembre 1933, je fus même invité par mes collègues anglais à aller voir un match de foot en Angleterre. Je dormis à l’Imperial Hotel, au Russel Square de Londres. Un beau souvenir, le dernier avant que les menaces d’une nouvelle guerre ne pèse sur l’Europe…. Paul Maillot - Aglaé Robert - Lucas Bongay |
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Première partie - Version 2
Ferdinand était un homme âgé d’une trentaine d’années en 1914. Enfant, il vivait dans un immeuble modeste, rue Tocqueville dans le 13ème arrondissement de Paris. Quentin Clerc - Ayse Iramil - Théo Hartmann |
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Deuxième partie - Version 2
Ses premières journées de combat furent essentiellement de grandes offensives dans le but de rapidement éliminer les Allemands. Ferdinand aurait préféré cela mais quand il voyait passer en face de lui de gros canons tirés par trois hommes pour franchir un ravin, il se disait qu’il en aurait pour bien plus que quelques semaines. D’ailleurs, après la bataille de la Marne, le front se stabilisa et Ferdinand s’enterra avec ses camarades dans les tranchées pour de longs mois. Il tenait grâce aux cadeaux de sa famille qui lui envoyait de petits présents qu’il appréciait beaucoup. En effet, tous ses proches lui faisaient parvenir du tabac, car fumer lui apportait un bref moment de réconfort face à la barbarie de la guerre. Mathieu Hacquard - Florian Liechty |
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Troisième partie - Version 2
Le 6 avril 1917, les Américains rejoignaient la France et les Anglais dans leur guerre contre les Allemands sur le front ouest. Le 12 septembre 1918, lors de la bataille du saillant de St Mihiel au sud de Verdun, beaucoup de soldats américains perdirent la vie. On comptait au moins 50 000 blessés. Ferdinand Brulé et son régiment furent affectés en renfort aux côtés des Etats Unis. L’épidémie de grippe espagnole de l’automne 1918 décima encore les recrues américaines. Ainsi, la présence de nouveaux régiments français auprès d’eux devenait primordiale. Au cours de l’été 1918, Ferdinand se préparait à mener une grande offensive à l’ouest. Pendant le chemin qui les conduisait de Verdun à Argonne, Ferdinand observait Jack, un des soldats américain qui lui rappelait Hubert, son meilleur ami. C’était un combattant tombé à Verdun deux ans auparavant à cause des gaz moutarde. Il se demandait si ce n’était pas cela qui le hantait, source de cauchemars qui revenaient de plus en plus souvent. Il en aurait parlé à Jack si la barrière de la langue ne les avait pas séparés. Il aurait voulu vraiment exprimer ses peurs mais il n’osait pas, inquiet de paraître égoïste. Il se doutait bien que tout le monde était effrayé. Ils n’étaient plus qu’à un jour de marche d’Argonne. A chaque pas, l’inquiétude grandissait, tous craignaient une fois de plus que la bataille soit vouée à l’échec. Mais avec l’arrivée des Américains, au milieu de la peur, on décelait l’espoir. La bataille avait été remportée. Tous les hommes étaient au comble de la joie et du soulagement. Mais Ferdinand était très affaibli, grelottant de fièvre, il fut transféré à l’arrière… Léa Erard - Antoine Vacelet - Michel Tueillon |
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Quatrième partie - Version 2
C’était la fin de la guerre de position où ils se terraient comme des rats, ils étaient enfin sortis de leurs tranchées. Le moral des troupes était au plus bas après tant de sacrifice, l’état-major autorisa donc un spectacle au front pour maintenir la combativité de tous. Ferdinand ne portait son regard que sur une danseuse, une certaine «Jeanne Petit», qu’il regardait avec extase, c’était une image de rêve. Cependant il n’arrivait pas à chasser de son esprit les horreurs de la guerre. Surtout qu’il avait vu quelques semaines auparavant à l’hôpital où il avait été envoyé suite à une épidémie de grippe, des soldats déchiquetés, mutilés, déformés et marqués par la barbarie des combats. Pendant son séjour Ferdinand avait vu défiler des centaines de blessés en se demandant pour chacun d’eux comment ils allaient pouvoir reprendre une vie normale, comment leurs proches allaient réagir. Le jeune homme qui se trouvait en face de lui ne parlait à personne et ne regardait personne, bien qu’ayant été amputé à la jambe droite et Ferdinand se demandait parfois avec humour s’il ne s’était pas fait retirer la langue. En sortant de l’hôpital, Ferdinand aperçut au loin une colonne de prisonniers «Boches» qui marchaient les uns derrière les autres. La haine qu’il éprouvait rendait son corps incontrôlable, comme si soudainement un prédateur redoutable s’était emparé de lui. Ferdinand continua de marcher en serrant les dents pour tenter de se contrôler, quand soudain un des prisonniers allemand l’interpela: Elisa Meschkat - Bastien Moscheni - Bryan Lafond |
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Cinquième partie - Version 2
C’était enfin fini, il put alors rentrer chez lui à Paris, retrouver les bras de sa douce Gisèle et revoir son cher petit qu'il n'avait pas vu grandir. Après avoir longuement enlacé sa famille, il décida d'aller faire un tour à son bureau mais sa femme lui fit comprendre qu'il avait été détruit lors des bombardements effectués par les Allemands sur Paris. Quelques jours plus tard en lisant le journal, il apprit que l’Allemagne avait capitulé, il pleurait mais ses larmes avaient un goût de victoire et de satisfaction et quand il continua de lire l'article, il s'exclama: - L'armistice est signé! Sa femme et son fils accoururent pour savoir ce qui se passait: - L'armistice est signé! Répéta-t-il. Il sautait de joie mais il se rassit alors sur le banc pour continuer sa lecture. Il découvrit qu'il n'y avait plus d'empire allemand, ni autrichien, et que l'Alsace-Lorraine revenait en terre française. Plus tard, le 14 juillet 1919 il fut convié à participer au défilé de la victoire regroupant tous les participants de cette guerre, il y avait plusieurs milliers de soldats, des chanceux, indemnes, des blessés et mutilés, à pieds ou à cheval. Des millions de gens les acclamaient. La fierté régnait avenue des Champs-Élysées. La vie reprenait son cours, il put ensuite faire ce qui lui plaisait déjà avant la guerre, assister aux matchs qui se jouaient en région parisienne. Sa femme lui avait même réservé, parce que cela lui tenait vraiment à cœur, une place pour qu'il puisse aller voir le match Angleterre-France à Londres. Il fut très ému par ce présent, ce fut un moment de joie intense. Jamais plus, il n’évoqua plus ces années de guerre qu’il avait enfouies au fond de sa mémoire….. Laurine Pruvost - Maxime Cavaré |
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