I. Un conflit aux portes de Belfort

L’état de siège à Belfort

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Il s’agit d’une photographie prise le 20 Août 1914 montrant l’arrivée d’une famille de paysans âgés de Valdoie, en gare de Belfort. Ils conduisent une charrette, remplie de sacs de nourritures, d’affaires personnelles diverses entassées à la va-vite, tirée par deux bœufs. Un soldat en uniforme traverse d’un pas pressé. L’heure est à l’évacuation des civils qui ne peuvent servir à la défense du territoire et à la réquisition par l’armée des biens nécessaires à l’entretien et au transport des troupes : ici le bétail.

Source : Archives départementales du Territoire de Belfort

L’état de siège est déclaré le 3 août 1914 pour assurer la protection du territoire national. Il s’agit d’un dispositif juridique généralement mis en œuvre par le gouvernement en cas de péril imminent pour la nation. A Belfort, c’est la menace d une invasion allemande puisque la frontière de 1870 n’est qu’à 20 kms, et le risque d’un siège comme celui de 1870.

Toute autorité pour le maintien de l’ordre et la police revient désormais à l’armée. Dès le 4 août, les consignes se précisent : défense de circuler dans la zone armées, de sortir avec une arme (non militaire) ; suppression des salles de spectacles, débits de boissons (cafés), interdiction de toute publication : livres, journaux sans être soumis au préalable au visa du gouverneur de la place, le général Thévenet.

Les femmes, enfants et vieillards sont évacués par leurs propres moyens ou par des trains d’évacuation qui sont mis en place gratuitement. La place forte, à quelques kilomètres de la frontière, peut redouter une attaque prochaine des troupes allemandes. Elle doit donc se décharger du poids des « bouches inutiles » envoyés dans le Jura, l’Ain ou l’Isère. Ils sont près de 2500 à prendre la route d’un exil forcé qui dure jusqu’en 1915 quand les combats ne menacent plus directement Belfort.

Il faut aussi assurer des travaux de protection indispensables pour rendre les différentes lignes de défense infranchissables. Les hommes valides trop âgés pour être mobilisés sont mis aussi à contribution pour aménager des tranchées, un réseau de fils barbelés, des pièges divers afin de ralentir une invasion.

La ville doit enfin accueillir et nourrir les soldats mobilisés qui se retrouvent 72 000 à être cantonnés dans le territoire. Ces journées de fièvre précédant les combats se déroulent pourtant dans l’ordre et le calme selon les témoins de l’époque.

Oriane Wyka et Lydie Hoffer