Il s’agit d’une photo, d’un des ateliers de la S.A.C.M., une usine belfortaine de construction mécanique. On observe une jeune ouvrière actionnant une machine.
Cette photo montre que les femmes durant la grande guerre ont ainsi investi les métiers jusqu’alors réservés aux hommes.
Source : Archives départementales du Territoire de Belfort
Les femmes ont été mobilisées suite à l’appel du président du conseil René Viviani, le 7 août 1914 qui leur demande : « Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille, Debout femmes françaises... » car les hommes en âge de travailler sont partis au front.
Il faut de la main d’œuvre pour éviter la paralysie totale et faire marcher le pays, l’espoir d’une guerre courte s’est envolé, le pays s’engage désormais dans une guerre longue et totale exigeant la mobilisation de tous.
Dans les campagnes les femmes se mettent à rentrer les récoltes et prennent la tête de l’exploitation agricole ; dans les villes elles sont réquisitionnées dans les usines d’armement qui tournent à plein régime. Elles s'engagent partout : dans le secteur tertiaire comme institutrices à la place des maîtres d’écoles, comme infirmières. Elles travaillent aussi dans les PTT : « Les demoiselles des postes » sont 40000 en 1914 et distribuent le courrier durant la guerre. Dans les transports, elles conduisent des tramways.
Les conditions de travail sont rudes, dans l’industrie «les munitionnettes», produisent des obus toujours debout, sur une durée de 11 heures, et manipulent 2500 obus soit 35000kg qui passent dans leurs mains ; elles doivent vérifier les dimensions en soulevant l’engin 2 fois, chaque obus pèse 7 kg.
La guerre a marqué une redéfinition des rôles : les femmes changent d’image : à côté de la mère aimante et de l’épouse fidèle il y a la femme qui a des responsabilités et prend la place de l’homme. L’écart moyen de salaire avec les ouvriers masculins se réduit même et n'est plus que de 20 % contre 50 % en 1913.
Mais la sortie de guerre se traduit par un renvoi massif des femmes des secteurs économiques auxquels le conflit leur avait donné accès.
Au moment de l’armistice le gouvernement les incite à retourner à leurs activités antérieures, à savoir retrouver le rôle traditionnel de mères et d’épouses soumises. Les Françaises restent même privées à la fin du conflit des droits politiques. Le sénat en 1919 leur refuse le droit de vote et d’éligibilité. Le seul changement qu’apporte la guerre est la mode garçonne qui voit l’abandon du corset, des cheveux longs, de la robe longue et libère le corps des femmes.
Alexia Crelier et Carla Perret