III. Un conflit qui s’éternise.

Des civils sous contrôle

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Le premier document est un avis pris par le Général DEMANGE, commandant de la région fortifiée de Belfort, qui date du 28 Août 1915.

Il réglemente la correspondance privée en interdisant de révéler des informations militaires précises ou des nouvelles négatives qui pourraient démoraliser la population.

Le second document est un exemple de cartes postales mettant en scène deux poilus à l’uniforme soigné dans un cadre idyllique en train d’écrire ou de lire leur courrier.

Sources : archives privées

Durant la grande guerre, jamais n’a été autant utilisée la carte postale et jamais les Français ne se sont autant écrit. Il est vital pour un soldat d’envoyer des lettres à ses proches, c’est indispensable pour son moral d’avoir des nouvelles. C’est le seul lien qui le relie à sa famille.
La correspondance devient gratuite, le bureau central militaire installé au conservatoire national de musique de Paris répartit le courrier adressé au front par secteurs postaux. Les bureaux de frontière assurent le transit entre la zone des armées, le front et l’intérieur.

En janvier 1915 trois commissions de contrôle postal sont créées par le grand Quartier Général afin d’examiner le courrier en provenance et à destination du front. Formées chacune de trois membres, elles sont chargées de lire et si besoin est de retenir les lettres qui risquent de diminuer le moral des destinataires. A partir de 1916 jusqu’an décembre 1917 neuf commissions, composées de 15 à 25 membres, ouvrent près de 180 000 lettres par semaine. Il a fallu moderniser les moyens de transport, augmenter le personnel pour acheminer le courrier dans des temps acceptables et surveiller le contenu.

Dans le courrier de guerre, la carte postale pèse de tout son poids : 4 à 5 milliards de cartes ont été produites et diffusées en France seulement ! Les modèles préférés des éditeurs sont les cartes vues, des photographies en noir et blanc de lieux ou de troupes, les cartes « fantaisie et patriotique » qui sont des mises en scène photographiques réalisées en studio et parfois retouchées ; et enfin des cartes dessinées le plus souvent satiriques.

Les cartes patriotiques donnent une représentation fictive de la réalité. En effet les poilus ne jouent pas aux cartes, ne mangent pas à leur faim, ne sont pas rasés de près, ils sont loin d’être impeccables dans leurs uniformes, et ne sont pas assis à un bureau ou sur un banc !! Bien au contraire ils vivent l’enfer des tranchées, ils sont loin d’être les plus heureux, leur quotidien est fait de peur, de faim, de soif, de froid, de fatigue, de saleté, de boue et de déluge de feu.

Carla Berthod et Léa Haudberg