I. Un conflit aux portes de Belfort

Les premiers combats

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Nous voyons sur le 1er cliché une colonne de soldats à cheval à tirant des canons. Ils montent au front, en août 14, prêts à affronter l’ennemi.
Sur le 2ème cliché, nous apercevons un bâtiment détruit. C’est l’église du village de Balschwiller, situé sur la ligne de front, anéantie en avril 1915, après des bombardements intenses. Il témoigne de la brutalité de cette guerre de 14-18, guerre moderne où l’artillerie- les tirs de canon et d’obus- a joué un rôle destructeur sans précédent.

Les photos ont été prises par le capitaine Pierre Jaminet (1887-1945), qui a participé aux combats d’Alsace et qui a ensuite rejoint en octobre 1915 Salonique sur le front d’Orient. C’est un photographe expérimenté, qui laisse un témoignage inestimable de 1260 photos en noir et blanc, accompagnées de carnets de notes, évoquant la vie quotidienne d’un poilu au combat.

Source : Archives départementales du Territoire de Belfort (sous-série 24Fi)

La première offensive alsacienne a lieu le 7 août 1914, tôt le matin, depuis la trouée de Belfort. Cette région est une cible importante pour l’état-major français, arracher l’Alsace aux Allemands qui s’en sont emparés après la défaite de la France contre la Prusse en 1870, est une revanche très attendue.

Les opérations sont conduites par le général Bonneau qui reçoit l’ordre « d’enlever Mulhouse à la course » et « d’y mettre le prix ». Le 7ème corps engagé.

Après avoir arraché les poteaux frontières -geste à la fois symbolique et vengeur- l’armée Française s’empare d’Altkirch, de Thann et de Masevaux puis entre en libérateur dans Mulhouse. Le succès est célébré avec défilés et musique dans la ville en liesse, Joffre le chef de l’armée française fait afficher partout la proclamation « Enfants de l’Alsace, après 44 années d’une douloureuse attente, l es soldats français foulent à nouveau le sol de votre noble pays. »Mais la percée s’arrête là, les Français se replient le 10 août menacés d’encerclement par une contre attaque allemande.

En réaction à ce premier échec le général Bonneau est remplacé par le général Pau et le 7e corps d’armée renforcé et transformé en une armée d’Alsace. La deuxième offensive sur l’Alsace est lancée le 14 août 1914 et les Français réoccupent Mulhouse le 19 août 1914 tandis que son avant-garde de cavalerie prend Colmar. Pourtant, là encore les Français doivent le 25, se retirer et se replier sur Belfort, cette fois sur ordre, car l’offensive française tourne à l’échec sur les frontières. C’est la retraite qui se termine par la victoire française lors de la bataille de la Marne en septembre 1914.

Le front se stabilise en Alsace sur la ligne de crête des Vosges. La plaine d’Alsace reste donc aux mains allemandes jusqu’en 1918.
Antoine Clerc et Kevin Lambert