II. Un conflit qui s’internationalise

La guerre sur tous les fronts

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C'est une photographie de Pierre Jaminet qui montre un soldat serbe, fatigué, affamé et sale. Il est accompagné d'autres soldats, tous dans le même état que lui.
Ils sont usés, la Serbie a capitulé face aux Austro– Allemands et aux Bulgares en octobre 1915.
L’armée en déroute est évacuée par les alliés qui se replient à Salonique.

Pierre Jaminet (1887-1945) est un ingénieur mobilisé dès août 1914, il est appelé sur le front d’Alsace et d’Orient, passionné de photos, il prend de nombreux clichés qui sont un témoignage exceptionnel sur la guerre.

Source : Archives départementales du Territoire de Belfort

Fin 1914, Winston Churchill veut créer un nouveau front et propose l'ouverture d'un front d'orient pour vaincre la Turquie alliée des Allemands, ravitailler la Russie et pénétrer dans la forteresse des empires centraux par l’est.

Une expédition navale et terrestre est lancée pour forcer le détroit des Dardanelles en février1915. Mais c’est un échec, les troupes alliées quittent les Dardanelles sans avoir réussi à s'emparer des détroits.

Il est ensuite décidé de tenter une offensive terrestre en octobre 1915 à Salonique. La situation est difficile : les troupes sont désorganisées, chaque pays voulant agir en fonction de ses intérêts propres ; les soldats sont malades la dysenterie, le scorbut, et surtout le paludisme les déciment, ils manquent de soins et de matériels. Le moral des troupes est au plus bas, les assauts menés ont donc peu de succès.

L'armée serbe, opère en plus une retraite face à l’offensive austro-germano-bulgare, en plein hiver, des montagnes du Monténégro à la mer adriatique où les bateaux alliés récupèrent les rescapés pour les transférer à Salonique

Le 22 décembre 1917, le général Guillaumat succède au général Sarrail et réorganise enfin les troupes. Il retisse des liens forts entre les alliés et prône des actions coordonnées. Les armées alliées d'orient (650 000 hommes) peuvent enfin affronter les armées ennemies. La situation des alliés s’améliore peu à peu. Et ils obtiennent enfin des résultats. Le front bulgare est brisé le 15 septembre 1918. Ce succès précipite la défaite du camp des empires centraux, il provoque la capitulation de la Bulgarie le 29 septembre, l'empire Ottoman le 30 octobre et enfin la Hongrie le 13 novembre. Pourtant ces soldats d’orient finiront la guerre 5 mois après leurs camarades et ne rentreront qu’en mars 1919. En plus, leur implication dans cette période tragique de la guerre 14 –18 est comme tombée dans l'oubli en France dont la mémoire s’est focalisée sur le front de l’ouest. Clémenceau les a même appelés avec mépris "les jardiniers de Salonique", leur reprochant leur peu d’action d’éclat !!

Quentin Ritter et Antonin Vallat