Ce document est une affiche de propagande française réalisée par Jean Droit qui est un peintre, illustrateur, publiciste célèbre. Il est mobilisé en Août 1914 dans le 226ème régiment d’infanterie qui l’emmène tout droit à Verdun où il se signale par son courage.
Du front il envoie des croquis au journal «l’Illustration » et compose comme ici des affiches en faveur de l’emprunt national. Il poursuit après guerre une belle carrière et atteint en tant qu’artiste une renommée internationale.
Cette affiche représente un poilu qui surgit d’une tranchée, visage tendu et déterminé, fusil à la main. Le dessin s’accompagne d’un verbe à l’impératif, un ordre impérieux à donner des fonds pour financer la guerre de 14-18 plus longue que prévu.
Source : Archives municipales de Montbéliard
La première guerre mondiale est la première guerre moderne qui demande beaucoup plus de capitaux que l’état ne le pensait. En 1914, la France pensait consacrer 20 milliards à la guerre et en 1919 elle en aura dépensé 220 ! Ce conflit coûte très cher car l’illusion d’une victoire rapide cède le pas à une guerre d’usure et la guerre des matériaux impose la guerre de l’argent.
Les prêts des banques ou des alliés sont vite insuffisants. Les états belligérants demandent donc aux citoyens de se mobiliser pour participer à l’effort financier. La France en manque d’argent effectue ainsi 4 emprunts :
le premier en 1915 qui rapporte plus de 15 milliards de francs
le second en 1916
le troisième en 1917
et le dernier en 1918
Pour cette campagne monétaire l’état utilise la propagande. Tout au long du conflit il faut entretenir au près de la population l’espoir de la victoire et combattre le défaitisme afin d’éviter un relâchement de l’effort de guerre.
Au quotidien les civils participent à l’effort de guerre non seulement en donnant leur épargne mais aussi en travaillant. Les femmes remplacent les hommes et se mettent au service de la guerre dans des usines transformées en usine d’armement, on les appelle les munitionnettes. On fait aussi appel à la main d’œuvre des colonies. Dans les champs les personnes âgées, des femmes et des jeunes produisent et assument la fonction de ravitaillement pour nourrir la population et nos soldats.
La guerre est donc totale et implique toutes les forces vives du pays et les civils endurent aussi de nombreuses épreuves comme la faim, la désolation et l’occupation brutale des zones de front. Ils supportent pourtant ces souffrances malgré des grèves en 1917, vite éteintes. C'est l'effort de guerre poussé à son paroxysme.
Thomas Gagnard et Benoît Pommel